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La boîte à gifles des écrivains (Nouvel Obs)

D'Angot à Zola en passant par Houellebecq

Par Grégoire Leménager

D'Angot à Zola en passant par Houellebecq, un dictionnaire rassemble les pires vacheries littéraires de l'histoire. Rien de tel, en pleine rentrée, qu'un écrivain pour taper sur un autre. Bonnes feuilles

C'est la saison des vacheries. Pendant que Gérard Depardieu se lâche dans la presse autrichienne sur Juliette Binoche (« Elle n'a rien, absolument rien !»), Tahar Ben Jelloun fait savoir dans «la Repubblica» qu'il ne votera probablement pas pour Michel Houellebecq au prochain déjeuner de l'Académie Goncourt :

« Qu'offre de nouveau ce roman? Quelques bavardages sur la condition humaine, une écriture affectée qui prétend à l'épure, une fiction qui convoque des personnages réels et les mélange à d'autres inventés, un peu de publicité pour des produits de consommation et enfin l'ultime message d'un écrivain qui se croit au-dessus du lot et des règles, éternellement maudit et incompris, et surtout quelqu'un qui n'aime ni la vie ni les voies du bonheur.»

Sans doute n'imaginaient-ils ni l'un ni l'autre que, par la magie d'internet, leurs amabilités traverseraient à ce point les frontières. Mais c'est l'une des grandes innovations du millénaire : on ne peut plus dire du mal de ses concitoyens, même à l'étranger. Aux amateurs d'invectives raffinées, on conseillera donc de revenir aux fondamentaux. Par exemple à l'illustre gueulante de Céline contre Sartre, alias «l'agité du bocal» :

«La petite fiente, il m'interloque ! Ah, le damné pourri croupion ! [...] Satanée petite saloperie gavée de merde, tu me sors de l'entre-fesse pour me salir au-dehors !»

Le texte intégral figure dans une brève anthologie de «l'Art de l'insulte» (Ed. Inculte, 206 p., 12 euros). Il n'aurait guère détonné dans le «Dictionnaire des injures littéraires» dont voici quelques extraits. C'est une imposante boîte à gifles de 700 pages, à ouvrir avec précaution. Car dans ce festival de vannes rassemblées par Pierre Chalmin, on ne croise pas que des gens sympathiques : un bon mot peut révéler courage et lucidité, mais aussi des idées à vomir, où l'homophobie et la misogynie le disputent à l'antisémitisme. Pourtant, même si les blagues racistes sur les Auvergnats ne vous font plus rire, du moins les pires phrases de la littérature sont-elles ici tournées avec style. De mauvaise foi ou pas, c'est toujours plus inventif que les mots doux d'Anelka à son sélectionneur.

G.L.

«Ta gueule, Bukowski! Dictionnaire des injures littéraires»,
par Pierre Chalmin, l'Editeur, 700 p., 29 euros
(en librairie le 23 septembre).

Angot (Christine)

«Angot, c'est du vrac, du tas. Du tas de quoi? On ne sait pas trop, conversations téléphoniques sans fin et sans sujet, détails dépourvus de sens, confidences sexuelles, etc. C'est un peu l'esthétique du "Loft". Et ça obtient le prix France Culture (il y a quelques années), ce qui en dit long sur la haine de certains intellectuels envers l'esprit.»

Pierre Jourde

Balzac (Honoré de)

« Quel homme aurait été Balzac s'il eût su écrire !»

Gustave Flaubert

« C'est le musée Dupuytren in-folio. C'est un beau champignon d'hôpital. C'est Molière médecin. C'est Saint-Simon peuple. Il enlaidit la laideur.»

Hippolyte Taine

Banier (François-Marie)

« Obsédé par l'ombre de Cocteau, désireux à la fois de lui ressembler et de ne pas être lui. Il est surtout un dessin de Cocteau, qui n'était pas beau lui-même mais créait la beauté. Banier se contente d'être pour l'instant un personnage de Cocteau, quelque chose comme François l'imposteur...»

Matthieu Galey (Journal, 29 décembre 1970)

Baudelaire (Charles)

« Le saint Vincent de Paul des croûtes trouvées, une mouche à merde en fait d'art.»

Edmond et Jules de Goncurt

« Il avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C'était surtout un cabotin.»

Jules Vallès

Beethoven (Ludwig van)

« Le génie peut évidemment se passer d'avoir du goût, exemple : Beethoven.»

Claude Debussy

Camus (Albert)

« Albert Camus, croyant le flatter, aurait dit de François Mauriac qu'il était le Dostoïevski de la Gironde, ce qui amena François Mauriac à le traiter de Dostoïevski de rien du tout.»

Marcel Jouhandeau

Céline (Louis Destouches, dit Louis-Ferdinand)

« Ce Gaudissart de l'antisémitisme.

M. Céline fait beaucoup penser à une dame qui aurait des difficultés périodiques ; ça lui fait mal au ventre, alors elle crie et elle accuse son mari. La force de ses hurlements et la verdeur de son langage amusent la première fois ; la deuxième fois, on bâille un peu ; les fois suivantes, on fiche le camp et on la laisse crier toute seule.»

Jean Renoir

Claudel (Paul)

« Ce vieillard avide se ruant à la Table Sainte pour y bâfrer des honneurs... Misère !»

Albert Camus

« Jeune, il avait l'air d'un clou ; il a l'air maintenant d'un marteau-pilon.»

André Gide

Druon (Maurice)

« J'éprouverais plus de plaisir à relire la mauvaise littérature de Druon - vous avez le choix : Les Grandes Familles, Les Rois maudits, etc. -, tout ce qui est faisandé chez lui - ah ! mais surtout pas ses livres nobles, sur le commandement, sur l'action, sur Alexandre. Quand il écrit en homme vertueux, il essaie de me donner des leçons de morale : Druon est illisible.»

Bernard Frank

Gide (André)

« Mort d'A.G. La moralité publique y gagne beaucoup et la littérature n'y perd pas grand-chose.»

Paul Claudel

Heidegger (Martin)

« Un homme tout à fait dépourvu d'esprit, dénué de toute imagination, dénué de toute sensibilité, un ruminant philosophique foncièrement allemand, une vache philosophique continuellement pleine qui paissait sur la philosophie allemande et qui, pendant des décennies, a lâché sur elle ses bouses coquettes dans la Forêt-Noire.»

Thomas Bernhard

Houellebecq (Michel)

« Houellebecq lui-même me l'avait bien expliqué :

- Si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau! Fais de toi un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est le secret, Marc-Édouard. Toi, tu veux trop soulever le lecteur de terre, l'emporter dans les cieux de ton fol amour de la vie et des hommes!... Ça le complexe, ça l'humilie, et donc il te néglige, il te rejette, puis il finit par te mépriser et te haïr...

Michel avait raison. Un best-seller a toujours raison.

Roman à thèse + écriture plate + athéisme revendiqué + critique de son temps (mais pas trop) + culture rock-pop + défense du capitalisme + attaque des Arabes = succès garanti.»

Marc-Édouard Nabe

Lévy (Bernard-Henri)

« Tout, chez toi, est imaginaire. Le supposé ex-gauchiste, première hypostase, ce personnage de révolutionnaire d'opérette que tu t'es inventé rétrospectivement de toutes pièces [...]. Ta seconde hypostase est aussi incertaine, falote. Le néo-philosophe concocté sous Giscard pour rallier la droite s'est retrouvé socialo sous Mitterrand. La troisième, l'artiste insondable au regard hanté, le Radiguet trop vieux, le romancier truqueur, a la même indécision, la même artificialité.»

Guy Hocquenghem

Lindon (Jérôme)

« Ils ont emmerdé toute une génération: la mienne. Butor, Robbe-Grillet, Duras, Pinget, Simon, quels coups de barbe! Et il fallait admirer ça!... Heureusement, ils vieillirent. Minuit essaya tant bien que mal d'assurer la relève. Mais bernique. Un coup pareil ça se refait pas. La seconde vague fut aussi chiante que la première, plus dispersée, plus merdique. Pauvres Ricardou, Duvert, Hyvrard, Savitzkaya, Wittig, vous êtes déjà oubliés... Minuit incarnait tout ce que nous pouvions haïr, le toc d'une époque morose, l'ennui d'un pays qui allait accoucher de kilomètres d'autoroutes.»

Raphaël Sorin

Littell (Jonathan)

«Littell est le seul écrivain réellement génocidaire de notre époque. Il a mis en œuvre une solution finale romanesque pour détruire les écrivains, les éditeurs, les journalistes, les libraires et même les lecteurs. [...] Le public n'a plus qu'à obéir à ce nazisme "soft" qu'est le spectacle médiatique à outrance, construit de façon peut-être encore plus perverse que celui du Führer. Il ne manquait plus à la dictature spectaculaire qu'un Mein Kampf obligatoire, que tout le monde doit posséder chez soi, pour potasser le programme...»

Marc-Édouard Nabe

Madonna

« Méfiante, rusée, pas soignée, une raie noire barrant sa chevelure blonde comme il arrive aux brunes quand les cheveux décolorés ont recommencé à pousser. Drôle de bonne femme, cette déesse du sexe, exhibitionniste, mais close, dure comme du ciment armé, riche comme Crésus, montrant ses seins comme on montre ses dents, même pas perverse quoi qu'elle en ait...»

Françoise Giroud

Mallarmé (Stéphane)

« Mallarmé, intraduisible, même en français.»

Jules Renard

Malraux (André)

«Je vois que Malraux est ministre. C'est un méchant bougre. Avec un petit talent journalistique d'ailleurs assez cafouilleux et gauche il a fait les Conquérants qui étaient bien réussis - depuis peau de lapin - que des ratés - mais quelle presse et quel cabotinage - et quel impérieux pitre ! en colonel, en explorateur, en Penseur - maintenant en ministre! Ajalbert l'a vu dans un autre personnage, en voleur avec menottes entre deux gendarmes à Saïgon [...] C'est un mythomane bluffeur féroce - envieux au délire [...] un petit fifre littéraire qui joue les orchestres - les Pascals, les Bakounine.»

Louis-Ferdinand Céline

Nabe (Alain Zannini, dit Marc-Édouard)

« Un ami m'a joué un sale tour : il m'a envoyé une photocopie des pages du Journal de Nabe. J'ai passé une nuit blanche avec l'envie de vomir. Je ne devrais pas parler de cette raclure de bidet, il pourrait s'en servir pour faire sa pub, mais je suis ahuri qu'un éditeur paye ce type pour écrire ça...»

Michel Polac

Nothomb (Amélie)

« Gothique et rebelle, - jusque dans sa prose plus ogivale que clitoridienne.

La Mylène Farmer du roman de gare.»

Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino

Onfray (Michel)

«... Une philosophie de maître nageur vexé...»

Michel Crépu

Poivre D'Arvor (Patrick)

« Les Enfants de l'aube nous conte l'histoire d'un adolescent leucémique qui rencontre dans un hôpital à leucémiques une jeune Anglaise leucémique. Dans un style leucémique également, l'auteur nous conte la passion brûlante et désespérée de deux êtres fragiles mais tremblants d'amour qui vont vers leur destin, la main dans la main et la zigounette dans le pilou-pilou... Je rappelle le titre : Les Enfants de l'aube, par Patrick Poivre d'Arvor, chez Jean-Claude Lattès. Deux cent trois pages de romantisme décapant pour le prix d'un kilo de débouche-évier.»

Pierre Desproges

Proust (Marcel)

« Un poète persan dans une loge de concierge.»

Maurice Barrès cité par Walter Benjamin

« Comme ces médecins qui s'inoculent un virus pour l'analyser librement, il semble s'être inoculé le snobisme afin de mieux pouvoir le décrire.

On peut déplorer qu'il lui ait accordé dans son oeuvre une place si importante...»

François Mauriac

« La magnifique intelligence de Proust s'est surtout plu à peindre la bêtise. Ce qui fatigue à la longue.»

Jean Cocteau

Roudinesco (Élisabeth)

« Il est impossible de faire un pas dans le secteur freudien sans tomber sur Mme Roudinesco. Elle est la surveillante générale qui vous alpague du fond du couloir. Vous pensiez avoir la paix, travailler tranquille, mais non, elle vous demande ce que vous faites là.»

Michel Crépu

Rousseau (Jean-Jacques)

« Et le roman de Jean-Jacques ! [La Nouvelle Héloïse] À mon gré il est sot, bourgeois, impudent, ennuyeux, mais il y a un morceau admirable sur le suicide qui donne appétit de mourir.»

Voltaire

Sand (Aurore Dupin, dite George)

« Je ne puis penser à cette stupide créature sans un certain frémissement d'horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui jeter un bénitier à la tête.»

Charles Baudelaire

Voltaire (François Marie Arouet, dit)

« Maintenant, je vous donne une nouvelle que vous aurez peut-être déjà sue : l'impie, le maître fourbe Voltaire est crevé, autant dire comme un chien, comme une brute... Voilà ses gages !»

Mozart

« Voltaire est un bas coquin, d'autant plus dangereux qu'il eut assez d'adresse pour se faire passer pour philosophe.»

Stendhal

« Voltaire était le roi de son siècle parce qu'il savait rire - tout son génie n'était que cela ; c'était tout.»

Gustave Flaubert

« L'imbécile et dégoûtant Voltaire, pareil à un grand vieux singe pisseur.»

Paul Claudel

Zola (Émile)

« Tant qu'il n'aura pas dépeint complètement un pot de chambre plein, il n'aura rien fait.»

Victor Hugo (cité par Léon Daudet)

« Monsieur Zola est résolu à montrer que s'il n'a pas de génie il peut au moins être lourd.»

Oscar Wilde

©l'Editeur

Source : Ceci est une version augmentée de l'article paru dans «Le Nouvel Observateur» du 9 septembre 2010.